Le burn-out familial

Le burn out est souvent évoqué dans le champ professionnel. Est-ce que vous savez qu'il existe aussi dans la sphère personnelle et familiale ?

Généralement le terme de burn out est associé à la sphère professionnelle. J’ai découvert en vous écoutant à mon cabinet de shiatsu, que le burn out existe aussi dans la sphère privée.  Et je vous remercie de m’en avoir fait prendre conscience. Partons ensemble à la découverte de cet état d’épuisement. Car il s’agit bien de cela, le burn out est un syndrome d’épuisement physique et psychologique qui touche aussi bien les femmes que les hommes.

L’épuisement

“J’adore mes enfants mais je suis fatiguée, tellement fatiguée J’ai le sentiment que je ne peux pas continuer à tout gérer, à penser aux rendez-vous médicaux, à courir pour être à l’heure le matin au travail, le soir à la garderie. J’ai l’impression de ne plus y arriver, d’être en état de stress permanent, de ne même plus réfléchir correctement.” Carole* me confie cela d’une traite, sans même prendre le temps de respirer. Elle conclut en me disant qu’elle s’en veut, qu’elle ne doit pas être assez forte.

Et oui, être parent c’est génial et cela peut aussi se révéler être  extrêmement fatiguant. Cette impression de ne plus y arriver, cette énorme fatigue sont une des composantes du burn out familial.

Le détachement affectif

La seconde composante est celle du détachement affectif. Cela ne veut pas dire que vous n’aimez plus vos enfants. Simplement vous n’avez plus d’énergie pour vous investir. Vous les écoutez distraitement, vous êtes moins attentif, moins présent. Sans même vous en rendre compte, vous vous mettez à distance progressivement de ceux que vous aimez.

“Mon fils est très bavard, il aime raconter sa journée en détail. Très rapidement, je ne l’écoute plus, je suis ailleurs. Et si je trouve que cela dure trop longtemps, je finis par lui dire d’aller à l’essentiel parce qu’il est pénible à écouter.” Nicolas* est papa d’un fils de 11 ans. Il se rend compte qu’il n’arrive plus à être présent pour lui, à partager des choses avec lui. La dernière fois qu’ils ont fait une promenade tous les deux, il l’a fait par obligation, pas par envie. Et il n’a pas vraiment apprécié ce moment. Il avait surtout envie d’être tranquille, au calme.

Comme Nicolas, si vous assurez le strict minimum, les trajets, les repas, le coucher,  c’est un signe qui doit vous alerter. Si vous n’arrivez plus à accorder d’importance à ce que vos enfants vivent et ressentent ce sont les signes d’un détachement affectif.

La perte d’efficacité

La troisième composante du burn out familial est la perte d’efficacité.

“Quand je m’imaginais père, je pensais que j’allais prendre le temps de jouer, de rigoler avec eux et que je saurais être ferme avec mon enfant. Et finalement, je ne supporte pas le bruit qu’il fait, je lui hurle vite dessus. Je n’ai pas envie de l’écouter, j’ai juste envie d’être tranquille. Je ne sais jamais quoi faire à manger, et d’ailleurs je n’ai pas envie.” Nicolas ne se reconnaît pas, il n’est pas le père qu’il imaginait, ni qu’il voudrait être. Il ne comprend pas ce décalage et il en souffre.

Car cette impression d’être un mauvais père, une mauvaise mère, de douter de ses compétences est fréquente dans le burn out familial. De plus, elle est souvent associée au fait de ne pas se sentir efficace, de ne pas être le parent qu’on aimerait être.

Toutefois, cela n’arrive pas brutalement un beau matin. Le burn out familial s’installe progressivement, c’est une accumulation, un trop plein qui se fait au fil du temps.

Comment savoir si je suis concerné ?

Ecoutez votre entourage, famille, parents, amis. Ils vous alertent peut-être sur le fait que vous allez mal. Si ils évoquent que vous vous plaignez beaucoup alors que vous ne vous en rendez pas compte. Si ils trouvent que vous avez changé, que vous n’êtes plus que l’ombre de vous-même. Alors, dites-vous qu’il y a peut-être une part de vrai et que cela mérite votre attention.

En effet, la personne touchée par le burn out familial va avoir tendance à se plaindre de manière répétitive. Ses plaintes sont souvent pessimistes et dépressives. C’est un malaise interne envahissant associé souvent à l’impression de ne pas être compris, entendu par l’entourage.

Quelques pistes

Si vous vous reconnaissez, dans une majorité des questions suivantes, c’est probablement que vous êtes concerné.

Êtes-vous fatigué depuis un moment ?

Est-ce que tout vous semble lourd ?

Avez-vous tendance à vous réfugier dans le travail pour fuir votre foyer ou à vous replier sur-vous-même ?

Prenez-vous du plaisir à être en famille, avec vos enfants ?

Vous sentez-vous heureux avec votre conjoint ?

Sentez-vous que vous faites les choses en pilote automatique ?

Ecouter vos enfants, leur accorder du temps vous demande beaucoup d’efforts ?

Criez-vous souvent sur vos enfants ?

Arrivez-vous à parler à votre conjoint de ce que vous ressentez ?

Etes-vous distant dans votre couple ou est-ce qu’il y a des conflits fréquents ?

Avez-vous envie de le quitter ou espérez-vous qu’il le fasse ?

Comment en suis-je arrivé là ?

En effet, c’est une question que vous vous posez quand vous réalisez votre situation. Les raisons sont multiples. Parfois, il s’agit d’événements extérieurs que vous ne maitrisez pas, comme un décès difficile à vivre, un enfant malade, des problèmes financiers et, peu à peu, vous perdez pied.

Une autre possibilité, c’est que vous vivez une situation de déséquilibre avec votre conjoint. Les tâches ne sont pas réparties de manière équilibrée. Autrement dit, vous manquez de soutien conjugal dans le quotidien et vous vous épuisez progressivement. En plus, cela peut être accentué par une désorganisation, mais ce n’est toujours le cas.

En conséquence, vous n’avez plus de temps pour vous. Carole est la seule dans le couple, en charge des contraintes d’organisation pour les trois enfants. Elle doit gérer les trajets, les repas, penser et organiser tous les rdv pour les enfants. Elle s’est mise à temps partiel pour avoir son mercredi. La conséquence  c’est qu’elle a la même charge de travail au bureau à faire en moins de temps. Et puis, le mercredi, elle ne se repose pas. Car les enfants ont des activités, elle s’avance sur les lessives et autres travaux de maison. Clairement, elle a besoin que l’organisation familiale soit revue ! Elle craque, physiquement et émotionnellement.

Quelles conséquences pour vous ?

La première des conséquences, vous avez pu la découvrir au fil de cet article, vous allez mal, vous êtes perdu, malheureux. Vous êtes en souffrance. Vous pouvez également développer des problèmes de santé, des addictions. Carole est perdue, elle culpabilise de ne pas y arriver. Elle a souvent envie de pleurer et finit par penser que son mari et ses enfants seraient mieux sans elle.

Vous avez peut-être trop d’exigences envers vous-même. Vous cherchez à coller à une image de père/mère idéal, d’une famille parfaite. Ce côté perfectionniste vous met en échec parce que vous n’arrivez pas à l’atteindre. Nicolas a eu un père très absent, une mère qui avait lu tous les ouvrages de Dolto pour faire une éducation parfaite. Il s’est mis la pression en imaginant devoir faire mieux que son père. Avec le temps, il a eu l’impression d’accumuler les échecs par rapport à cet idéal à atteindre et que cela faisait de lui un mauvais père. Et puis, quand il écoute sa mère parler de son enfance, elle lui décrit un enfant parfait, modèle, sage, qui ne faisait jamais de bruit. Il ne comprend pas pourquoi il n’arrive pas à faire la même chose avec ses enfants.

Parfois, la routine vous épuise. Et vous n’avez plus de temps, d’attention pour votre conjoint. Par exemple, vous ne posez plus ces petites questions du quotidien : est-ce que tu as bien dormi, comment vas-tu ?

En résumé, le burn out familial a de nombreuses conséquences sur vous et sur votre famille.

Quelles conséquences mes proches ?

En outre, le burn out familial va avoir des conséquences sur votre relation avec vos enfants. La mise à distance affective, la négligence, voire la violence verbale vont nuire à votre relation avec eux. Est- ce, ce que vous souhaitez ?

Le fils de Nicolas est malheureux, il sent bien que son papa ne partage plus grand chose avec lui. Il pense que c’est de sa faute, qu’il n’est pas assez gentil sinon son papa serait heureux d’être avec lui. Votre enfant s’adapte à la situation, ce qui ne veut pas dire qu’il n’en souffre pas. Attention, il ne s’agit pas de culpabiliser ou de juger, simplement de prendre conscience que le mal-être d’un membre de la famille affecte les autres.

Et enfin, le burn out familial va affecter votre couple. Vous pouvez entrer dans une spirale d’irritabilité, de conflits, voire de violences. Carole comme Nicolas sont aujourd’hui malheureux dans leur couple, même si cela se traduit différemment. Carole évoque beaucoup de cris et de conflits, quand Nicolas ne parle plus et s’isole. Dans les deux cas, ils remettent en question l’avenir de leur couple.

Que pouvez-vous y  faire ?

Tout d’abord, si le burn out est installé, il est important de demander de l’aide à un professionnel. Vous avez besoin d’aide pour vous sortir de cette situation. En effet, cela vous aidera à faire le point sur ce qui doit être changer dans votre vie. Il vous sera plus facile et sécurisant de prendre du recul, si vous êtes accompagné.

Ensuite, remettez en place une communication, avec votre partenaire, vos enfants. Apprenez à vraiment vous écouter, à vous parler de ce que vous ressentez. Comment vous allez, ce qui vous manque, vos envies, vos projets à tous, aussi bien ceux des adultes, que des enfants. Cela peut commencer par de petits échanges sur des sujets qui vous semblent plus faciles à aborder.Allez à votre rythme.

Partagez des activités ludiques, prenez du temps pour être ensemble. Vous pouvez commencer par des balades, des jeux de société, des loisirs créatifs. Peu importe, partagez des moments de complicité et de rires, sans objectifs, ni pression.

Enfin, revoyez votre organisation. Prenez du recul pour voir ce que fait votre conjoint, vos enfants. En font-ils assez ou peuvent-ils faire plus ou autrement ? Regardez objectivement ce que vous faites, est-ce trop ? Si la répartition des tâches est déséquilibrée, parlez-en ensemble afin d’apporter des solutions qui conviennent à tout le monde et qui soient durables dans le temps.

Pour conclure, comprenez que le burn out familial est une réalité. Prenez conscience qu’il est plus facile de s’en sortir avec du soutien et de l’aide. Parlez-en, vous n’êtes pas seul à vivre ce moment. Ne vous enfermez pas dans votre souffrance et dans votre culpabilité, des solutions existent, différentes selon votre situation mais elles existent.

*les prénoms ont été changés

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